FRANCAIS

L'histoire en tant que science et champ d'études est en pleine mutation.
Grâce aux apports constants de l'archéologie, de la génétique, ainsi qu'à la confrontation avec d'autres sciences humaines (anthropologie, sciences sociales) ou "sciences dures" (démographie, biologie, statistiques) ce que l'on pensait acquis sur l'histoire et la généalogie des peuples est constamment enrichi et remis en question.
Ce blog a pour objet d'informer sur certaines découvertes qui modifient (ou pourraient modifier) nos connaissances sur nos ancêtres, des premiers homo sapiens jusqu'à nos grands-pères...


ENGLISH

History as a science and a field of study is undergoing significant changes.
Thanks to the contribution of archaeology, genetics, as well as exchanges with other human sciences (anthropology, social sciences) or "hard sciences" (demography, biology, statistics), historical and genealogical facts that were once considered to be established or "written in stone" are now being questioned, revised and enriched.
The aim of this blog is to inform and discuss current discoveries that modify (or could modify) what we know about our ancestors, from the first homo sapiens to our grandfathers...



mardi 2 août 2011

Les origines du comté de Flandre

A la fin des années 1980 les Editions du Beffroi avaient entrepris de publier une vaste série en six volumes retraçant de la Préhistoire à nos jours l’histoire des provinces du nord de la France. Le projet n’ayant pu aboutir entièrement chez l’éditeur initial, il avait été repris par Artois Presses Universités. C’est ainsi que fin 2008 est sortie la réédition des tomes originellement publiés en 1989. Pour ma part, je m’intéressais avant tout à l’ouvrage, rédigé par Henri Platelle et Denis Clauzel, intitulé « Histoire des provinces françaises du Nord : des principautés à l’Empire de Charles Quint 900-1519 ». Il faisait ainsi partie de mon bagage pour les vacances…
En dépit des tentatives constantes de l’environnement naturel des îles Eoliennes pour me détourner de cette somme érudite (bruit des vagues, senteurs de la végétation, appel de l’apéritif) j’ai conservé toute ma concentration et mené à bien ma lecture… Sans grands mérites d’ailleurs car elle est passionnante et tragique l’histoire de nos provinces ! Refermant le livre, ma première pensée allait à tous nos ancêtres qui avaient eu bien du mérite à survivre aux désastres qui s’étaient régulièrement abattus sur nos plaines. Campagnes militaires, épidémies, catastrophes naturelles… C’est un petit miracle si certains sont passés entre les gouttes pour que nous soyons ici à écrire leur histoire !
Je n’ai pas l’ambition ici de faire une note de synthèse détaillée de l’ouvrage et de son apport à la connaissance de l’histoire régionale, mais plutôt de m’attarder sur certains aspects ou certaines périodes et de résumer à gros traits les conclusions de l’ouvrage pour ceux que le sujet intéresse mais qui n’ont pas cinq jours de calme absolu à consacrer à sa lecture…

L’essor des principautés

Henri Platelle (qui nous a quitté à la mi juillet à 90 ans passés) ouvre l’ouvrage avec un chapitre qui résume sa position. C’est au cours de la période initiale, à partir de l’an 900, qu’on a assisté à « la naissance des petites patries ». Mais cette naissance est le fruit d’une longue gestation. En effet, « même sous la monarchie carolingienne, nos régions ne présentaient aucune unité particulière ». Le système des missatica (ressorts d’inspection) était léger et d’une efficacité limitée. De plus ces terres « avaient connu une influence germanique plus précoce et plus intense qu’ailleurs : elles étaient devenues une zone de contact linguistique ». Enfin, une frontière fixée sur l’Escaut (résultat des traités de Verdun en 843 et Ribémont en 880) coupait en deux ces territoires.
Pendant une grande partie de l’époque carolingienne, « les hauts lignages aristocratiques avaient semble-t-il pu compenser par leurs actions certaines faiblesses de l’ Etat », mais du fait de leur patrimoine immense et dispersé, ils n’étaient pas particulièrement enracinés dans la région. Les choses changèrent à partir de 880 environ lorsque ces familles se replièrent à l’intérieur des royaumes, notamment du fait des invasions normandes qui révélaient définitivement l’impuissance du pouvoir royal et accéléraient une restructuration sociale et politique.
De nouveaux centres d’autorité apparaissent alors mais pas partout en même temps, et en ne suivant pas forcément le même rythme. « Le mouvement aura été beaucoup plus précoce sur la rive gauche de l’Escaut que sur la rive droite : il y a un comté de Flandre quasiment autonome dès la fin du IXe siècle ».
Si l’évolution a été divergente des deux côtés du fleuve, c’est qu’en Flandre le pouvoir royal ne se faisait plus guère sentir après les invasions normandes, tandis qu’il demeurait bien présent en Lotharingie (rive droite de l’Escaut).

Les origines du comté de Flandre

Le comté est né d’un mariage en 863 préparé par un rapt : l’union de Baudouin 1er et Judith, fille du Roi Charles le Chauve. Ce Baudouin est considéré comme le dernier des comtes fonctionnaires mais on ne sait pas grand-chose de son action. C’est sous son fils Baudouin II dit le Chauve que la principauté flamande va se développer. « A l’origine, son autorité s’exerçait essentiellement entre la Mer du Nord et Courtrai, entre Ardenburg (NDLR aujourd’hui aux Pays Bas) et Cassel. Puis elle progressa largement, à l’aide surtout d’usurpations aux dépens de biens ecclésiastiques ».
Sous Arnoul, fils du précédent, on assista à la consolidation et l’extension du domaine comtal. Cependant, il avait à faire désormais face aux appétits des princes voisins, alors que le pouvoir royal était « en pleine décomposition ». Rusé, le comte Arnoul, joua des ambitions croisées de ses rivaux (notamment les Vermandois et ducs de Normandie). Malheureusement, sa succession  n’était pas pleinement  assurée lorsqu’il s’éteignit en mars 965 puisque son fils était encore mineur, ce qui remettait dans le jeu le pouvoir royal qui revendiquait sa tutelle.
Cependant le danger essentiel ne venait pas de Paris, mais de l’intérieur du comté lui-même. En effet, la fragmentation du pouvoir carolingien trouvait son pendant un siècle et demi plus tard avec un émiettement territorial au sein des principautés : alors que le pouvoir avait glissé des mains du Roi dans celles des princes, les subordonnés de ces derniers se taillaient maintenant « des principautés minuscules en s’appropriant terres et droits jusque là détenus au nom du comte ». Baudouin IV, le nouveau comte, su faire la part des choses en acceptant ce nouvel état de fait dans la partie sud de son comté, mais pas au cœur de son pouvoir, dans la partie nord de la Flandre.
Le comté de Flandre reprit alors ses velléités d’extension territoriale, en direction de la Lotharingie. Le comte se préoccupa aussi de sécuriser une alliance prestigieuse pour son fils Baudouin V. Ce dernier épousa en effet Adèle de France, fille du Roi Robert le Pieux. Baudouin V lui-même trouva des époux et épouses avantageux pour ses propres enfants, dont Guillaume de Normandie pour sa fille Mathilde et Richilde de Hainaut qui épousa son fils Baudouin, ce qui promettait à terme un regroupement des deux comtés.
« Quand Baudouin V mourut à Lille le 1er septembre 1067 il était à l’apogée de son prestige comme beau-père du Roi d’Angleterre et tuteur du Roi de France. »
A SUIVRE

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