Refaire sa vie au loin...De la Moselle à l'Indre et Loire au XVIIIe

Mes recherches sur la famille Augustin me promettent encore de nombreuses surprises et heureuses trouvailles! Il est bien sûr difficile d'analyser la personnalité de nos ancêtres au travers de sèches mentions d'actes paroissiaux ou notariés mais les évolutions sociales et géographiques des membres de la famille Augustin laissent augurer un certain goût de l'aventure et un attrait pour la nouveauté au mieux, un côté "tête brûlée" prenant des décisions radicales sur des coups de tête au pire!

J'avais déjà mentionné dans l'article précédent l'enrôlement de François Augustin quittant son milieu bourgeois de Thionville pour chercher l'aventure comme soldat (tout comme ses cousins Merlin), et finalement s'établir dans le Pas de Calais.

Il me faut maintenant m'attarder brièvement sur le parcours de son père Dominique. Né le 5 décembre 1707 à Thionville d'un couple socialement "installé" (son père Damien est procureur et notaire royal au bailliage de Thionville, son parrain Dominique Wolff est bourgeois de Thionville, sa marraine est l'épouse du sieur Barthel procureur et notaire dans la même ville), il ne déroge pas à son milieu.

Il épouse en 1733 à Thionville Catherine Prunet fille du directeur des gabelles de la ville, alors qu'il exerce comme avocat au Parlement auprès du bailliage de Thionville. Il reçoit ensuite en décembre 1735 sa lettre de provision d'office en remplacement de son père Damien récemment décédé, à la fois comme procureur suppléant et notaire. Quatre enfants (dont mon ancêtre François) naîtront de son union avec Catherine Prunet.

En 1761, au moment du mariage de sa fille Elisabeth avec Christophe Merlin (tous les deux seront les parents des frères Merlin dont j'ai retracé à gros traits la vie dans un précédent post sur ce blog) il est décrit comme "garde-marteau dans la ville de Metz". Pourtant, il n'est pas présent car sa fille est accompagnée d'un tuteur.

Il n'est pas présent car il a effectivement quitté la Moselle depuis déjà trois ans!

De manière tout à fait fortuite, je suis tombé sur une mention tirée des inventaires des archives d'Indre et Loire disponibles sur google books. On y lit que Dominique Augustin, fils des feus Damien et Antoinette Lestamy, se remarie à Chouzé sur Loire le 05/11/1759 avec Marie Monique Coudrin. Ils auront deux enfants, Dominique (né 17/08/1760 Savigny en Véron x 23/10/1786 Chouzé sur Loire Jeanne Fouque) et Marie Monique (mariée 12/09/1786 Savigny en Véron à Jean Jousseaume).
La consultation en ligne de l'acte de mariage de 1759 confirme qu'il s'agit bien du même Dominique. On y lit effectivement que ce dernier est " notaire royal à Chinon résidant à Savigny, fils des feus Damien notaire royal et procureur au bailliage de Thionville et Antoinette LESTAMY ".

Des recherches complémentaires m'apprendront ensuite que Dominique Augustin père a exercé comme "notaire royal au bailliage de Chinon, résidant à Savigny" entre le 03/09/1758 et le 25/07/1773. Il devait être déjà malade quand il met un terme à ses fonctions puisque l'on retrouve son acte de décès à Savigny sur Véron le 15/09/1773

Qu'est-ce qui a pu pousser un notaire royal installé à Thionville, bénéficiant de tous les réseaux familiaux, à partir dans une région où il n'avait pas d'attaches et à refonder une deuxième famille? J'imagine que c'est après le décès de sa première épouse (dont je n'ai pas encore retrouvé l'acte) qu'il décide de quitter Thionville, mais pourquoi choisir l'Indre et Loire, si loin de sa Moselle natale?

Cet épisode ouvre également d'intéressantes pistes de recherche sur la fonction de notaire royal. Cette fonction pouvait-elle s'exercer sans conditions sur tout le territoire national? Dominique a-t-il dû passer des examens, acheter une charge à son arrivée sur la Loire?

En tout cas, il est toujours plaisant de constater qu'à toutes époques, un individu curieux de nature et n'ayant pas peur du changement triomphait toujours des pesanteurs sociales et familiales.

Ces recherches sont loin d'être finies et je compte bien cerner d'un peu plus près les raisons qui ont conduit à la deuxième vie de Dominique Augustin, mon ancêtre notaire royal...