ÉTUDE
DE QUELQUES FAMILLES DU PATRICIAT BRUGEOIS
DU
XIIIe AU XVIe SIECLE
Antoine
BARBRY
Maison
Zeventorren ou des Sept Tours,
construite à Bruges par la famille Bonin à partir de 1320
Dans l’introduction à leur ouvrage Medieval Bruges,
Andrew Brown et Jan Dumolyn écrivent qu’« une nouvelle histoire de la
Bruges médiévale n’a pas besoin de justification », elle est le
« berceau du capitalisme » décrit par l’historien James Murray. Mais
la place occupée par Bruges dans l’histoire européenne du Moyen Âge et des
débuts de la Renaissance en fait un champ d’étude passionnant, bien au-delà de
l’histoire économique, pour comprendre l’émergence des libertés communales face
au pouvoir comtal, l’expansion de la civilisation urbaine et ses relations avec
son environnement rural, les luttes sociales ou les mécanismes et stratégies
familiales d’obtention et de préservation du pouvoir.
C’est ce dernier aspect sur lequel je
vais m’attarder ici, au travers d’une étude de quelques familles qui ont
contribué à faire de Bruges une « métropole médiévale », un centre
industriel, commercial et culturel qui rayonnait dans toute l’Europe. Ce sont
toutes des familles appartenant au premier cercle du pouvoir communal.
J’utiliserai ci-dessous, par facilité, le terme de « patriciat » pour
les évoquer, en étant toutefois bien conscient des limites historiographiques
de ce terme qui « fige » ce qui est en réalité une circulation des
élites au sommet du pouvoir économique et politique.
En dépit de cette circulation, les
principaux centres urbains de Flandre occidentale (Gand, Bruges et Ypres) restent
emblématiques du contrôle très précoce des leviers de ces pouvoirs économique
et politique par quelques familles et de la perpétuation de ce contrôle du
XIIIe au XVIe pour les plus avisées (et prolifiques), plusieurs études
prosopographiques le démontrent amplement. Je
me penche dans cet article sur certaines de ces familles, déjà actives dès les
premiers temps de l’émergence économique brugeoise et dont la présence est
visible dans ses archives les plus anciennes.
Quelques mots d’ailleurs sur ces
archives brugeoises. Les chercheurs qui les analysent sont constamment
confrontés à une forme de frustration. Bruges « décolle » en tant que
centre urbain, industriel et commercial au début du XIe siècle et, à
partir de cette date, cette croissance sera constante et rapide. Bruges se
développe en tant que centre reliant les marchés à la mer pour toute l’Europe
du nord, notamment pour l’exportation de produits textiles. Très vite la laine
locale ne permet plus de répondre à la croissance de la demande et les
marchands flamands commencent à importer la laine anglaise. Les marchands
flamands s’organisent au XIIIe siècle au travers de la Hanse de Londres ou de
la Hanse des XVII villes et signent plusieurs accords avec les rois
d’Angleterre successifs pour encadrer leurs relations commerciales. Mais
au-delà de l’Angleterre, les productions textiles flamandes rayonnent dans
toute l’Europe, du nord au sud. Le paradoxe est que cette intense activité
économique n’est décelée que marginalement, notamment au travers de documents
étrangers à la Flandre. C’est surtout le cas pour Bruges dont les archives
administratives et communales ont malheureusement brûlé lors de l’incendie du
beffroi de la ville en août 1280. L’activité des marchands brugeois en
Angleterre est ainsi essentiellement repérée au travers de leurs mentions dans
les Patent rolls,
et les noms d’échevins antérieurs à 1280 n’apparaissent que comme mentions
annexes dans des documents autres qu’administratifs.
Des données généalogiques suivies ne
sont donc possibles que jusqu’aux dernières années du XIIIe siècle mais
l’analyse de la marque laissée par des familles au sens large peut encore être
repoussée jusqu’au début du XIIIe sur la base de ces mentions parcellaires. Mon
travail ci-dessous sera ainsi au carrefour de l’étude généalogique et de
l’analyse sociale car, au-delà du lien biologique, il m’a semblé très
intéressant de replacer ces individus dans leur contexte familial, politique,
économique et social, et donc de prendre aussi du recul sur les destinées
individuelles pour observer plus globalement les groupes familiaux. C’est
d’ailleurs l’option la plus souvent retenue par les chercheurs qui se penchent
sur l’histoire des familles de l’élite.
Qui sont les familles sur lesquelles je
me penche et qu’est ce qui les relie entre-elles ? Elles forment
l’ascendance de Joris Bave, chapelier, échevin de Bruges à plusieurs reprises
entre 1479 et 1486, tout à fait inséré dans la frange la plus élitiste de la
bonne société brugeoise puisqu’il était un jouteur reconnu, membre de la
société brugeoise de l’Ours Blanc.
Joris avait pour épouse Catherine Slyp, héritière de la seigneurie de la cour
de Bellegem, et issue d’une famille de baillis du comte de Flandre. Son ascendance
est tout à fait représentative de celle des membres de l’élite brugeoise de la
fin du XVe. Composée de « dynasties patriciennes » ayant cumulé les
honneurs municipaux et les responsabilités pendant deux siècles, des dirigeants
ayant initié ou subi les soubresauts politiques et sociaux de leur ville sans
jamais perdre leur premier rang, des marchands entreprenants ayant construit
leur prospérité essentiellement sur le textile, représentatifs de la première
phase active et mercantile du capitalisme brugeois, mais aussi des courtiers ou
hosteliers, acteurs de la deuxième phase, celle des intermédiaires fournisseurs
de services financiers, puis enfin des commerçants comme Joris Bave, moteurs de
la troisième phase du capitalisme brugeois, celle de l’industrie du luxe qui
marquera l’économie de la ville au XVe siècle. Il y eut alors en effet le désir
d’une part croissante des élites d’acquérir tous les signes extérieurs du
« vivre noblement »
puisque donner l’image publique de ce mode de vie était la première étape vers
le véritable objectif : intégrer réellement les rangs de la noblesse.
Ces familles sont un petit échantillon
de ce qui a fait de la Flandre une pionnière en Europe dans l’émergence de
villes industrielles et commerciales, ainsi que des contre-pouvoirs aux
pouvoirs absolutistes, royaux, ducaux ou comtaux. Des représentants d’une
histoire du peuple (même s’il s’agit de sa frange la plus aisée) et des
peuples. Une histoire de voyageurs entreprenants et innovants qui ont défendu
l’intérêt général tout en promouvant leur intérêt particulier. Des parcours
singuliers qui s’inscrivent dans la grande histoire, tout ce qui plaît à
l’historien en somme !
Cette étude examinera d’abord chaque
groupe familial, avant de détailler plus précisément l’ascendance de Joris Bave.
Pour reconstituer ces chaînons familiaux et ces parcours individuels j’ai
compulsé un grand nombre de sources spécifiques ou générales, à visée historique,
prosopographique, héraldique, épigraphique ou généalogique, en français,
anglais, allemand ou néerlandais, des sources primaires comme secondaires. Mais
ce n’est en rien une étude exhaustive, le sujet ne le permet pas au vu de la
masse d’information sur la Bruges du Moyen Âge et de la Renaissance. Je pense
pourtant, sur la base des documents consultés, pouvoir produire une synthèse
dont je doute que les détails généalogiques puissent être encore complétés de
manière substantielle. Il est possible qu’ici et là on puisse trouver encore quelque
information supplémentaire, mais pour une bonne partie de ces familles, j’ai
poussé le curseur jusqu’aux limites archivistiques mentionnées ci-dessus, soit
des individus actifs dans le dernier tiers du XIIIe siècle.
En ce qui concerne l’orthographe des
prénoms, j’ai choisi de respecter la forme (et la langue) de ceux-ci tels qu’ils
figuraient dans mes sources, essentiellement en néerlandais donc.
LES
FAMILLES
·
Bave
·
Bonin
·
Goederic
·
Heldebolle
·
Loevin
·
Poltus
·
Stiers
·
Uten
Sacke
·
Van
Coudebrouc
·
Van
den Berghe
·
Van
de Walle
· Van Meetkerke
·
BAVE
La famille Bave est un cas intéressant
en ce qu’elle suit toutes les étapes de la promotion sociale d’une famille
patricienne entre le début du XIVe et le début du XVIe, sans toutefois jamais
parvenir à la dernière étape, celle de l’intégration à une « élite
bourguignonne » transnationale mêlant familles nobles et puissants
« commis de l’Etat ». Les Bave semblaient pourtant avoir fait tout ce
qui était en leur pouvoir pour y parvenir…
A. Van den Abeele donne van Sinte-Baefs comme
patronyme d’origine à cette famille. Mais
que ce soit sous ce nom ou celui de Bave, elle est absente ou quasiment des
données prosopographiques pour le XIIIe et le premier tiers du XIVe.
On trouve simplement la mention d’un Jan van Sint-Baefs actif à Bruges dans les
années 1310-1330. Jacob Bave, « tige » de la famille sur la base des
actes originaux, épousera Marguerite van Meetkerke, très probablement issue de
la famille de moyenne noblesse du même nom.
Il sera trois fois trésorier entre 1331 et 1333, une fonction qui figure sur
son monument funéraire en 1357.
La famille développa d’ailleurs une véritable spécialisation autour des
questions financières et budgétaires puisque son fils Jacob sera trésorier à 15
reprises
entre 1354 et 1380 mais aussi cinq fois échevin. Drapier de profession, il fut
le véritable initiateur de la « notabilisation » de la famille. Tout
d’abord au travers de son mariage avec Liegarde van de Walle, fille de
l’échevin Lambrecht et descendante d’une des plus vieilles et prestigieuses
familles du patriciat brugeois. Mais aussi au travers d’une politique
d’acquisition immobilière et de constitution d’un réseau social. Possesseur de
onze maisons en ville, il
utilisa sa propriété familiale, qui sera connue plus tard sous le nom de Patience, pour rassembler ses compagnons
de joute avec lesquels il fonda vers 1370 la compagnie de Saint Georges. Après
des travaux d’extension du bâtiment, celui-ci devint l’un des lieux de
rendez-vous prisés de l’élite brugeoise. C’est cette compagnie qui se
transforma vers 1380 en la société de « l’Ours blanc », une confrérie
qui organisait des tournois sur la Grand place avec des membres de la haute
noblesse et des membres du patriciat voulant adopter l’idéal de vie chevaleresque.
Mais cette société était à l’étroit à la Patience
et l’on entreprit alors la construction de la Poortersloge ou Loge des bourgeois. Les générations successives de
Bave poursuivront sur la lancée tracée par Jacob décédé en 1388. Sa fille
Gertrude épousa Jan van der Beurse, échevin et bourgmestre de Bruges, issu
d’une famille de changeurs et d’hosteliers dont le patronyme est à l’origine du
nom commun « bourse ». Son fils, aussi prénommé Jacob, poursuivit la
tradition familiale en exerçant la fonction de trésorier à plusieurs reprises
ainsi que celle de bourgmestre en 1427. Il épousa Lutgarde Bonin fille du
prestigieux échevin Jan et descendante de la famille la plus dominante de
l’échevinat brugeois. Leur fils, toujours prénommé Jacob, amorça la phase
suivante de l’évolution sociale de la famille. Il épousa Katharina fille
d’Arnold Poltus, un influent courtier et hostelier,
et il s’investit pleinement dans l’activité de la société de l’Ours Blanc. Il
participa ainsi au tournoi organisé en mai 1431 mais décèdera précocement en
1432.
Son fils Joris sera celui qui
parachèvera la mue de la famille. Échevin, comme ses ancêtres avant lui, doyen
de la guilde des chapeliers en 1477
et donc acteur de l’évolution de l’économie brugeoise vers l’industrie du luxe,
marié à Catherine Slyp issue d’une famille de baillis comtaux, il sera surtout
un membre très actif de la société de l’Ours blanc. Il combattit dans divers
tournois à Lille et Bruges de 1450 à 1457, gagna l’ « épieu » au
tournoi de la Grand Place de Bruges en 1450, remporta l'épervier au tournoi de
l'Epinette à Lille en 1451 alors qu’il était « forestier de l’Ours Blanc»,
et combattit encore aux tournois de la Grand Place de Bruges en 1452 et 1457.
Un autre Jacob Bave (son frère ?) sera lui aussi forestier de l’Ours Blanc
en 1446, et un Adriaan Bave –que certaines sources donnent comme son fils-
épousera Louise van Halewyn (issue de l’une des plus prestigieuses et anciennes
familles de la noblesse flamande) et sera bourgmestre de Bruges en 1509.
Le processus d’évolution sociale de la
famille semble alors sur le point d’être parachevé et les Bave semblent tout
près d’atteindre l’objectif de beaucoup de familles du patriciat à cette
époque, celle de l’intégration à la noblesse et au service de l’Etat. Et
pourtant ce dernier étage ne sera pas atteint et les Bave ne feront jamais
partie de l’élite politique bourguignonne qui fusionna les nobles et notables
ambitieux de toutes les régions du duché.
Pourquoi
n’ont-ils pas réussi cette ultime mutation? Je formulerais ici deux
hypothèses : contrairement à un certain nombre de familles brugeoises qui
ont achevé ce processus d’intégration à la noblesse (Metteneye, van Themseke, Braderic,
van Artrycke et surtout de Baenst),
et bien qu’exerçant un large spectre de professions, les Bave étaient,
semble-t-il, plus en retrait pour ce qui avait trait à l’intermédiation
financière, profession lucrative permettant un enrichissement rapide et
conséquent. Par ailleurs, et surtout, on ne trouve quasiment aucune mention de
membres de la famille Bave exerçant une fonction dans l’entourage du comte de
Flandre ou plus tard des ducs de Bourgogne, un défaut rédhibitoire dans un
système politique de plus en plus centralisé où les pouvoirs locaux avaient été
considérablement affaiblis et où le service du prince et de l’Etat devenait le
principal moteur de promotion sociale et d’acquisition de pouvoirs et de richesses.
Lame
funéraire de Jacob Bave et Katharina Poltus (1432) dans
V. Vermeersch, Grafmonumenten te Brugge voor 1578,
Bruges, 1976, p.146
BONIN
Quel que soit le critère numérique
retenu, il sera difficile de trouver un groupe familial plus influent que les
Bonin dans la Bruges du Moyen Âge. Dès les premières archives disponibles
plusieurs branches peuvent déjà être repérées. K. Hilderson et D. Van den
Auweele ont recensé dans leurs thèses respectives les mentions dans les Patent rolls anglais de marchands
brugeois. On y retrouve au moins cinq porteurs du patronyme Bonin entre 1225 et
1279 dont deux avant 1230. Parmi les 78 notables de la fameuse charte de 1298,
il n’y a rien de moins que six porteurs différents du patronyme (dont tous
auront été échevins au cours de leur existence) avec cinq et peut-être même six
écus différents ! La gerbe est présente partout ce qui est probablement le
signe que l’on a affaire à la même famille originelle. Mais il est intéressant
de constater que parmi les signataires Lambiers Bonin est fils « de dame
Caterine et Pauli de Walle » et qu’un autre Lambin Bonin est fils de « Bertelmieu
de le Mote », tous les deux ayant des armes décrites différemment mais au
contenu relativement similaire, mêlant les armes des Bonin et celles des van de
Walle. Je pense que l’on pourrait avoir ici une preuve indirecte de deux
alliances où deux frères van de Walle (Bertelmieu et Pol, qui appartiennent
effectivement à la même génération comme précisé plus loin dans la notice
consacrée à leur famille) épousent deux sœurs Bonin, ce qui serait à la fois
logique et crédible au vu des profils similaires des deux familles (ancienneté,
statut social, professions etc).
Parmi les autres signataires, on peut également signaler la similitude des
armes de Gherewin Bonin (fils de Gherewin) et de Gillis van de Walle (fils de
Margriete de le Mote) qui tous deux arborent une bordure dentelée et deux lions
contournés. Là aussi on constate une forme de « fusion » des
caractères héraldiques des Bonin et des van de Walle. Enfin, Clays Bonin arbore
pour sa part des fleurs de lys au milieu des gerbes, un élément qui n’est pas
anodin à cette époque et qui témoigne sans nul doute de ce que la famille Bonin
appartient fermement au camp des leliaerts.
Les diverses études prosopographiques qui couvrent toute la période des
origines des archives brugeoises jusqu’en 1407 parviennent à la même
conclusion : les Bonin sont la famille la plus nombreuse pour les postes
d’échevins, à la fois pour le nombre de titulaires différents comme pour le
nombre de sièges au total, pour le XIIIe comme pour tout le XIVe siècle. Une
famille qui a exercé toutes les responsabilités communales, économiques,
charitables, professionnelles ou diplomatiques.
Comme pour les autres
familles dominantes du patriciat le moteur fut celui d’un effort constant pour
acquérir pouvoir et richesses et les maintenir dans les périodes de turbulences
qui n’ont pas manqué dans l’histoire brugeoise. Deux Bonin feront partie des
meneurs identifiés de la révolte dite de la Moerlemaye
contre le comte de Flandre, plusieurs Bonin devront ensuite s’enfuir à Saint
Omer en 1302 après la révolte contre les familles pro-françaises, ils subiront,
comme les autres familles dominantes (mais pour moins longtemps que les
autres), une éclipse échevinale entre 1304 et 1310, et l’échevin Jan Bonin
(celui envoyé au mariage comtal de 1369) a probablement connu une fin tragique
assassiné par les soutiens de la révolte gantoise de Filips van Artevelde
contre le comte de Flandre. Dans les luttes de factions entre notables qui ont
agité Bruges fin XIVe et début XVe, les Bonin (avec les Heldebolle) avaient
rejoint la faction dominante, celle de la famille Honin. Cependant, les
relations de ce groupe avec le duc de Bourgogne se détériorèrent jusqu’à l’exil
de certains de ses membres en 1407. Mais en dépit de toutes ces vicissitudes à
travers les siècles, le pouvoir structurel des Bonin en tant que groupe
familial n’a jamais été remis en cause. Déjà détenteur de tous les attributs de
la « domination de classe » (pouvoirs politique, économique et
social),
les Bonin semblèrent s’engager dans la phase suivante, celle de l’intégration
progressive à la noblesse par le biais de quelques fonctions au service du
comte, d’alliances
avec des familles nobles, et de la projection symbolique de leur puissance.
C’est ainsi que la branche des Bonin van den Gapere, seigneurs de Meulebeke (ou
Lembeke selon d’autres sources) fit construire à partir de 1320 la maison Zeventorren ou des Sept Tours. Il
s'agissait de l'un des premiers bâtiments privés en pierre de la ville à avoir
démontré le pouvoir et l'influence d’une famille. Les Brugeois étaient
conscients de la valeur monumentale de ce bâtiment avec ses sept tours élancées
sur le dessus, quatre à l'avant, trois à l'arrière, et il était considéré comme
l'une des "sept merveilles" de Bruges.
Et cependant, malgré cette trajectoire
« idéale » et l’anoblissement d’une branche, les Bonin en tant que
groupe familial ne finaliseront jamais ce processus d’enracinement dans la
noblesse, ni dans leurs alliances, ni dans les signes extérieurs du
« vivre noblement ». On ne retrouve par exemple quasiment aucun Bonin
parmi les « jouteurs » de la fin du XIVe, et au XVe ils sont absents
de la société de l’Ours Blanc, rendez-vous par excellence de l’élite brugeoise
mêlant noblesse et riche bourgeoisie. Pourquoi les Bonin n’ont-ils pas suivi la
trajectoire de familles de statut et d’ancienneté similaires (les Metteneye,
Braderic ou van Artrycke) ni mêmes de familles à l’influence plus récente
(comme les de Baenst) ? La réponse n’est pas évidente sur la base des
sources archivistiques, mais il me semble que les deux hypothèses lancées pour
la famille Bave pourraient s’appliquer également à la famille Bonin.
GOEDERIC
Les Goederic ne font pas partie de
l’ascendance de Joris Bave. Mais je les avais brièvement évoqués dans un
article précédent sur les familles du patriciat yprois.
J’ai choisi de revenir plus en détail ici sur cette famille car ils y ont
pleinement leur place. Les Goederic sont en effet une des familles brugeoises dont
l’activité peut être retracée par les documents les plus anciens. En effet, on
retrouve mention de la « tige » de la famille, Wouter Goederic, comme
« marchand de laine » dans les Patent
rolls de 1267
et il sera au moins trois fois échevin entre 1273 et 1278. Il est un membre
attesté de la « Hanse de Londres » et commerce donc de manière
soutenue avec l’Angleterre. C’est probablement pour cette raison qu’il fera
partie des 23 notables identifiés comme ayant été proches des meneurs de la
révolte de 1280 contre le comte de Flandre connue sous le nom de Moerlemaye. Ces meneurs et leurs
soutiens étaient principalement de riches commerçants mécontents de la
politique du comte à l’égard de l’Angleterre qui avait eu pour conséquence une
interdiction décrétée par le roi d’Angleterre d’exporter la laine anglaise en
Flandre, interdiction qui mettait gravement en péril leur activité économique.
Ce blâme donné par le comte, puis par la suite leur identification comme
famille leliaert en amont de la crise
de 1302, a probablement eu quelques conséquences à court terme sur la position
sociale des Goederic mais n’a pas remis en cause leur statut de manière
structurelle puisqu’ils font partie des six ou sept familles comptant le plus
grand nombre de sièges d’échevins au XIVe siècle. La première génération
succédant à Wouter semble tout de même avoir subi les conséquences des crises
qui ont secoué Bruges au début du XIVe siècle puisque ni Jan ni Jacob, tous
deux fils de Wouter, ne seront échevins (Jan sera une seule fois conseiller en
1298). Mais le flambeau sera repris par son petit-fils Jacob (fils de Jacob) qui
sera actif dans le commerce du vin et échevin à plusieurs reprises entre 1326
et 1340. Ce Jacob le jeune sera le
père d’Everaert Goederic et très probablement de Wouter, dont la fille
Catharina s’établira ensuite à Ypres où elle épousera Pieter van Dixmude, grand
bailli de la chatellenie. En effet, dans son ouvrage, Vermeersch mentionne
« Wouter Goderyck décédé le 14/09/1380»
et son frère Everaert Goederic, le plus fameux des changeurs d’argent brugeois
de cette période.
Ce dernier fut un cas quasiment unique au XIVe siècle puisqu’il n’existe que
deux exemples où un changeur d’argent exerça aussi la fonction d’échevin et
Everaert fut l’un des deux… Mais il faut tout de même préciser qu’il avait
abandonné sa première profession quand il se lança dans la politique et la
diplomatie puisqu’il fut également l’un des représentants de la ville au mariage
du duc de Bourgogne Philippe le Hardi avec la comtesse Marguerite de Flandre en
1369. Everaert était un homme fortuné puisqu’en 1356 il était en mesure
d’équiper quatre chevaux lors de la campagne militaire des milices communales
brugeoises contre le Brabant, et de prêter régulièrement de l’argent à la
commune.
HELDEBOLLE
C’est
J.J. Gailliard qui fait d’une demoiselle Heldebolle, au prénom inconnu mais qui
serait « fille de Jean », l’épouse de Jan Bonin.
Je n’ai pas retrouvé d’acte original confirmant cette union. Un Jan Heldebolle
est un membre actif du patriciat brugeois à la même époque. Courtier
et hostelier, plusieurs fois échevin et bourgmestre de la ville, il est l’époux
de Marguerite Bonin. Il est exilé en 1359 par le comte Louis de Male pour avoir
soutenu la rébellion du gantois Jacob van Artevelde mais sera gracié dès 1361
avec 179 autres individus, dont Lambrecht van de Walle. Cependant,
chronologiquement, Jan ne peut être que le frère et non le père de l’épouse de
Jan Bonin. Une double alliance entre ces deux familles est un schéma assez
courant qui tendrait à confirmer cette hypothèse. Jean et sa sœur seraient
alors les deux enfants de Pieter Heldebolle, drapier, bourgeois et échevin de Bruges
au moins trois fois entre 1297 et 1312.
Identifié comme leliaert ,
il mettra cependant 10 ans à redevenir échevin après son mandat de 1301. Sa
sœur, Katelina était l’épouse de Jan Metteneye, représentant d’une des familles
les plus illustres du patriciat brugeois.
LOEVIN
C’est au détour d’une mention dans un
bref tableau
reconstituant la famille van de Walle sur quatre générations, mention
totalement absente des sources secondaires traditionnelles sur cette famille, que
je découvris le lien avec la famille Loevin. Le tableau indiquait en effet « Gillis van den Walle fs Berthelmeus x
Cateline (Clementia) fa Lambrecht Loevins uten Zacke ». Au-delà du
plaisir de trouver une information ignorée jusque-là, deux questions se
posaient : pourquoi un double prénom et un double patronyme ? Pour le
double nom de famille, Gilliodts-Severen estimait qu’il était fait référence à
la rue d’origine (« rue du Sac ») de la famille Loevin comme il est
fait pour d’autres familles dans les archives brugeoises.
Mais la très fouillée étude prosopographique de M. Speecke apporta une réponse
différente. Sur la base des travaux de Schouteet et Wyffels sur les comptes de
Bruges,
il était possible de conclure que
1)
il y avait eu deux Lambrecht père et fils ;
2)
ils apparaissaient indifféremment dans les actes comme Lambrecht ou Lamsin ;
3)
l’épouse de Gillis van de Walle était prénommée Kateline pour Schouteet (1299)
mais Clementia pour Wyffels (1300) ;
4)
deux actes relevés par Wyffels donnait le patronyme de l’épouse de Lambrecht
Loevin l’ancien, il s’agissait de la
« sœur de Jan Uten Sacke ».
D’autres références tirées des comptes de Bruges orientent cependant vers une
autre famille. On trouve ainsi la mention suivante « item in die Remigii (I okt) orphan. Laminni Loevins ex filia Symonis
Stiers »
et « In die beati Remiggi (I okt)
Marie, filie Lammini Loevins ex filia Stiers » ou en 1282 « Tunc. orphan Lammini Loevins ex filia
Stiers ». Il semblerait donc que Lambrecht ait eu deux épouses mais les
mentions, souvent lapidaires, ne permettent pas de relier tous les enfants à
leurs mères respectives.
La famille Loevin est l’une des plus
anciennes familles échevinales qui puisse être retracée dans les archives de
Bruges. On retrouve en effet Michiel Loevin échevin en 1250-51 et 1259-1260,
puis lui succédera Lambrecht l’ancien
(sans que l’on puisse déterminer s’il s’agit de son fils ou d’un neveu)
totalement absent des responsabilités municipales, au contraire de Johannes qui
sera échevin dans les années suivant immédiatement la révolte de la Moerlemaye (1281-82 et 1282-83).
La génération suivante sera notamment constituée des deux frères, Jacob et
Lambert le jeune, qui fuiront tous
les deux à Saint Omer en 1302,
dans la foulée des bouleversements qui suivront la bataille des « éperons
d’or ». Cet élément confirme parmi d’autres que les Loevin appartenaient
bien au groupe des familles leliaerts.
Lambert le jeune faisait partie des patriciens les plus fortunés de la
ville. En 1292 la ville et le comte décident de la création d’une cavalerie
urbaine. Tout citoyen possédant plus de 300 livres flamandes devait être
propriétaire d’un cheval et se rendre disponible pour combattre à la demande du
comte,
et le nom de Lambrecht apparaît bien dans cette liste de cavaliers.
Il épousera Truda van Aertrycke, membre d’une autre puissante famille du
patriciat brugeois, l’une des rares qui sera ensuite anoblie au XVe siècle.
Bourgeois de Bruges, Lambert sera échevin à cinq reprises entre 1296 et 1315,
malgré une « éclipse municipale » entre 1302 et 1312 similaire à
celle d’autres familles de leliaerts.
Le nom de famille Loevin apparaît à
d’autres moments de la petite histoire brugeoise. Wyffels signale un voyage à
Paris de Lambrecht le 23/06/1281 très probablement pour une audience devant le
Parlement de cette ville où les brugeois avaient porté plainte contre le comte
de Flandre et les mesures de rétorsion qu’il avait prises suite à la révolte de
la Moerlemaye. A ce propos, Wyffels
écrit « Lambert Loevin l’ancien
était un citoyen très riche qui s'est probablement tenu à l'écart de la
politique, en d'autres termes un sage auquel on faisait appel dans des
circonstances difficiles. Il n'est mentionné nulle part comme échevin et il ne
se trouve ni parmi les soutiens du comte ni parmi ses opposants, ni parmi les
garants de la paix » .
Il décèdera peu de temps après puisque l’on retrouve dans le comptes d’Ypres en
1282 la mention Clemencie orphane Lammini Loevins.
Cette
position de « sage » que l’on sollicite pour la résolution de
conflits sera apparemment reprise par son fils Lambrecht le jeune puisqu’à l’été 1290 il accueille à son domicile la
tentative de conciliation autour de la succession de Jan van der Beurse décédé
en 1270, une controverse qui s’étendra sur 25 ans et impliquera jusqu’au roi de
France et au Parlement de Paris.
J’y reviendrai dans la notice sur la famille Uten Sacke. C’est d’ailleurs par
le biais des documents d’archive relatifs à cette controverse que l’on apprend
que Lambrecht le jeune était âge
« de 14 ou 15 ans » à la date de cette conciliation, ce qui permet
d’affiner la chronologie des premières générations de Loevin.
Pour conclure, un élément semble avoir échappé à C. Wyffels, si la conciliation
s’est tenue au domicile de Lambrecht, il y a peut-être également une raison
plus « familiale ». En effet, la partie opposée aux héritiers van der
Beurse n’était autre que Jan Uten Sacke
alors que Lambrecht était très probablement le fils d’ « une sœur de Jan
Uten Sacke »…
POLTUS
La famille Poltus garde une partie de
son mystère. Lorsque Catharina Poltus épouse Jacob Bave, le père de Joris, elle
ne dépare pas dans cette famille du patriciat insérée dans la meilleure société
brugeoise. Catharina est en effet la fille d’Arnoud Poltus, courtier et
hostelier de profession, qui sera deux fois conseiller, une fois échevin, et
une fois trésorier de Bruges entre 1399 et 1415. On ne connaît malheureusement
pas son épouse puisque même sur l’inscription de la pierre tombale de Catharina,
seul le nom du père est mentionné. Arnoud tenait, semble-t-il, une place
centrale d’intermédiaire pour les marchands étrangers présents à Bruges. C’est
en effet « dans sa maison qu’étaient
discutés et organisés les rapports commerciaux entre marchands d’Allemagne du
nord, hanséatiques, italiens et collecteurs papaux (puisqu’en partenariat
avec la famille Stromer de Nuremberg, Arnoud fut aussi actif dans les activités
financières vaticanes)». Au
vu de ces liens étroits avec l’Allemagne J. Murray pensait Arnoud originaire de
cette région. Cette assertion est pourtant contredite par Anke Greve qui, dans
son étude des courtiers et hosteliers brugeois, précise
qu’un document de 1339 de la guilde des courtiers laisse entendre qu’un de ses
membres nommé Arnoud Poltus était étranger à Bruges mais « d’origine
flamande ». En tout cas le patronyme est en effet totalement absent des
archives brugeoises avant les années 1330. Il existe une source potentielle qui
pourrait nous en apprendre beaucoup. En effet, lors du colloque de la Hanseatic History Association, tenu à
Bruges en 1988, W. von Stromer a fait un exposé sur la carrière d’Arnoud
Poltus. Mais cette intervention n’a malheureusement pas été reprise dans les
Actes du colloque…
Une
information essentielle a cependant été sous-estimée par la plupart des
chercheurs. La carrière d’Arnoud Poltus comme courtier et/ou hostelier s’étend
au moins de 1339 (mention dans un document de la guilde et mobilisation dans
l’armée communale entre 1338 et 1340) jusqu’au moins 1412.
Il est bien entendu impossible pour un individu d’avoir exercé aussi longtemps
mais, à mon sens, même deux individus n’auraient pas non plus pu avoir une
carrière professionnelle s’étalant sur 73 ans. Par ailleurs, on possède
l’épigraphie de Catharina Poltus (épouse Bave) qui décède le 25/11/1464. Elle
est donc née aux environs de 1400 et au vu des dates de leurs responsabilités
communales (à partir de 1422 et jusqu’en 1446) ses frères Liévin, lui-même
hostelier,
et Pierre sont nés eux aussi entre 1385 et 1400. Leur père Arnoud doit alors
être né aux environs de 1360 et son propre père difficilement avant 1320, une
date trop tardive pour qu’il puisse être le Arnoud Poltus, mobilisé dans
l’armée communale en 1338 et courtier en 1339. Dernier élément donné par A.
Greve, on retrouve dans le livre de comptes de Collard de Marke en 1366 la
mention d’un Ernout Polultus sen.
Cela veut donc dire qu’il existait un Ernout
junior à la même date ; Or, ce dernier ne peut être le Arnould encore
actif en 1412, plus de 45 ans après, mais doit être un Ernout intermédiaire. Il
me semble donc évident que trois générations successives de Arnoud se succèdent
comme courtiers à Bruges.
STIERS
Le
rattachement éventuel de Joris Bave à cette famille peut difficilement être
plus laconique. La seule mention concernant les Stiers provient des références
citées dans la notice sur la famille Loevin et tirées des comptes de Bruges. Des
enfants Loevin sont ainsi signalés orphelins de Lambrecht et de la « fille
de Simon Stiers ». Au-delà de cette demoiselle et de son père, aucune
information supplémentaire n’a pu être trouvée. On note simplement une famille
de drapiers le Stier à Ypres plus ou moins à la même époque.
UTEN
SACKE
Le patronyme de cette famille est aussi
orthographié Utenzacke, ex Sacco dans les actes en latin ou du Sac dans les
sources en français. C’est une famille très anciennement implantée puisque l’on
retrouve mention d’un Walterus Sac en 1187. Nous
avons vu dans la notice consacrée à la famille Loevin que le rattachement aux
Uten Sacke se fait par le biais d’une demoiselle au prénom inconnu mais qui est
définie comme « la sœur de Jan Uten Sacke ». Il est particulier de
définir une femme par rapport à son frère plutôt qu’à son père, à moins que ce
frère ne soit un personnage particulièrement en vue à l’époque. Et bien que le
prénom de Jan soit extrêmement commun (on connaît au minimum deux Jan Uten
Sacke actifs à cette époque) il est difficile de ne pas penser à l’individu
ainsi nommé qui entreprendra une bataille juridique de 25 ans contre les
héritiers de son neveu Jan van der Beurse, allant jusqu’à faire appel au roi de
France pour protéger ses intérêts et ses bien matériels des mesures punitives
prises par les échevins de Bruges à son encontre.
Cette famille est également l’une des
plus anciennes et des plus notables de la fin du XIIIe siècle. L’échevin Jan
Utensacke, fils de Nicolas,
(le même Jan ?) sera l’un des dix meneurs nommément désignés de la révolte
dite de la Moerlemaye, et un autre
Lambert Uten Sacke sera désigné garant de la paix une fois la révolte matée. Nicolas,
père de Jan, avait un frère Pieter qui était peut-être le changeur d’argent et
trésorier de Bruges qui sera accusé d’irrégularités financières et battu à mort
le 24/04/1309. Tous deux étaient fils de Wouter. Par ailleurs, l’année où
Pieter le trésorier était assassiné par la foule, le maire des échevins n’était
autre que Jacob Uten sacke, un frère ou un cousin du précédent selon toute
probabilité.
En
dépit des mésaventures plus ou moins sanglantes de ses représentants, cette
omniprésence des Uten Sacke dans la période troublée qui suit le traité
d’Athis-sur-Orge et ses lourdes sanctions financières imposé par le roi de
France Philippe le Bel, témoigne du statut de cette famille à la fin du
XIIIe-début du XIVe siècle. Il est intéressant dans ce contexte de rajouter à
ces titulaires d’offices municipaux un autre personnage de relief, Pieter Uten
Sacke, commandeur de l’ordre des Templiers en Flandre de 1280 à 1297 et auquel
son demi-frère Jan fera appel pendant sa bataille juridique autour de
l’héritage van der Beurse !
Pieter Uten Sacke était par ailleurs conseiller de Philippe de Dampierre, fils
du comte Gui, prisonnier du roi de France pendant la révolte de la Flandre
contre Philippe le Bel. Ceci apporte un éclairage intéressant sur l’engagement
des templiers parmi les troupes flamandes en révolte pendant les Matines de
Bruges et la bataille « des Eperons d’or » de juillet 1302. Et
pourtant, malgré ces multiples positions de pouvoir, cette famille disparaîtra
ensuite rapidement du paysage politique brugeois et on n’en retrouve plus
mention dans les listes échevinales par la suite. Il n’a pas été possible de
déterminer si cet effacement était dû à des raisons politiques, économiques ou
démographiques. On retrouvera cependant ce patronyme de manière suprenante plus
d’un siècle plus tard puisqu’en 1435 une femme nommée « Donoye Uten
Zacke » est citée parmi les changeurs d’argent à Bruges !
VAN
COUDEBROUC
Cette famille, aussi orthographiée van
Coudenbrouc ou Coudenbrouck, est assez singulière dans l’histoire de la Bruges
médiévale. Elle a laissé une vraie trace sur le XIVe siècle brugeois, mais qui
n’est due qu’à deux individus dont on n’est même pas certains qu’ils aient un
lien de parenté !
Rogier van Coudebrouc émerge sur la
scène municipale dans les tumultueuses années qui ont suivi la bataille des
éperons d’or, la mise au ban des leliaerts
et l’arrivée de nouvelles familles et de nouvelles couches sociales à
l’échevinat. Drapier, Rogier sera nommé conseiller en 1306, entamant ainsi une
carrière municipale de 15 ans couronnée par deux mandats comme burgermeester de l’échevinat et une
fonction de doyen de la Halle en 1310-1311.
En 1320 il soutient les tisserands et les foulons qui ont pris le parti de
Robert de Béthune et de son fils Robert de Cassel. La défaite de ces derniers a
de funestes conséquences pour Rogier dont le domicile est gravement endommagé
et qui est poursuivi par les nouvelles autorités municipales. Mais il peut
rapidement revenir à Bruges, répit de courte durée cependant puisque de 1323 à
1328 Rogier se soulève de nouveau contre le roi de France et son protégé, le
nouveau comte de Flandre Louis de Nevers. Après la défaite des insurgés à la
bataille de Cassel en 1328, Rogier doit s’exiler et ses biens sont confisqués,
dont le fief qu’il possède dans la commune de Wardaamme.
L’exil ne dura pas longtemps mais Rogier n’exercera plus de fonction
municipale.
Quasiment immédiatement un autre van
Coudebrouc apparaît sur la scène politique, sans qu’on ne sache la nature du
lien de parenté qui l’unit à son prédécesseur. Il sera cependant amené à jouer
un rôle encore plus grand. Gillis est marchand de vin, bourgeois de Bruges et
détenteur d’un fief en 1325. Entre cette date et 1342, il sera surtout 10 fois
échevin (le record absolu pour cette période troublée) dont une fois comme
bourgmestre, et deux fois conseiller.
Alors qu’il était normalement prohibé pour un échevin de conserver sa fonction
plusieurs années de suite, Gillis sera membre de l’échevinat de manière
ininterrompue de 1325 à 1331, puis de 1333 à 1337 et enfin de 1338 à 1342, en
étant conseiller les deux années intermédiaires ! Comment expliquer une
position aussi dominante dans une période aussi mouvementée? Puisque les
échevins étaient nommés par le comte ou son représentant, on pourrait en
déduire que Gillis était un défenseur acharné du pouvoir comtal or rien n’est
plus faux.
Après un positionnement modéré pendant
les années de lutte pour le pouvoir comtal entre Robert de Cassel et Louis de
Nevers, qui lui permit de demeurer membre du collège des échevins pendant toute
cette période, Gillis se radicalisa et passa à la postérité pour avoir été à
deux doigts de faire prisonnier le comte Louis de Nevers à Dixmude en février
1338, puis avoir été nommé l’année d’après délégué de Jacob van Artevelde à
Bruges pendant les années de la domination de ce dernier sur la Flandre
occidentale qui avait été divisée en trois « zones d’influence ». A
cette époque, un dirigeant municipal n’était pas fait pour rester à l’abri des
murs du beffroi et Gillis mena en personne et en plusieurs occasions les
troupes brugeoises lors de diverses batailles. En 1343 il récupère également la
responsabilité du Franc de Bruges. Après l’assassinat de van Artevelde en 1345
Gillis se maintint au sein du collège des échevins jusqu’en 1348, et c’est en
tant que bourgmestre qu’il fut arrêté par les troupes du nouveau comte Louis de
Male qui avaient fini par reconquérir Bruges. Condamné à la prison puis banni
en 1351, il disparaît de la documentation. S. Espeel, dans son travail de thèse
précise cependant que Jan Bonin (fs Jan, fs Wouter) sera exécuteur
testamentaire de Gillis en 1360 (probablement du fait du lien familial existant
entre eux puisque Jan Bonin était l’époux de Gertrude van de Walle,
petite-fille de Gillis).
Gillis
était-il le fils de Rogier ? Leur positionnement politique similaire
(anglophile et contre le comte de Flandre) ainsi que leur succession dans les
offices municipaux pourraient le laisser penser, et pourtant aucune source
n’atteste de cette parenté. Pour une notice du fonds Thibaut de Boesinghe,
Gillis est au contraire fils de Betremieux.
Mon intime conviction est cependant que les deux individus appartiennent à la
même famille, Rogier pourrait alors être un oncle paternel de Gillis.
VAN DEN BERGHE
La
mention d’une relation avec cette famille est on ne peut plus ténue. Elle
découle de la présence de l’écu van den Berghe (aux côtés des écus Bave, van de
Walle et Meetkerke) sur le monument funéraire regroupant Jacob Bave (+1436) et
ses parents Jacob Bave (+1388) et Liegarde van de Walle.
Il existe aussi la mention du mariage de Lambrecht van de Walle avec une
demoiselle van den Berghe dans la généalogie van de Walle publiée par Gailliard. Enfin,
un monument funéraire recensé par Vermeersch nous donne son prénom, Margareta,
et sa date précise de décès, le 30 octobre 1348. Son patronyme n’y figure pas mais
la mention de son mari confirme qu’il s’agit bien d’elle.
Ses
armes figurant sur le monument Bave nous permettent de la rattacher à la
branche de van den Berghe, plusieurs fois échevins du Franc de Bruges et qui
seront ensuite seigneurs de Watervliet à Handzame, mais je n’ai pas pu préciser
davantage sa filiation sur la base du peu d’informations disponibles.
VAN DE WALLE
Dans les documents les plus anciens, le
nom de famille est également écrit de
Mota ou de le Mote. Pour évaluer
l’importance d’un « clan familial » dans la Bruges du Moyen Âge, l’un
des marqueurs les plus judicieux est celui du nombre de postes d’échevins. Sur
la base de ce critère, il n’est pas exagéré de dire que les van de Walle sont
l’une des trois ou quatre familles les plus influentes des XIIIe et XIVe
siècles à Bruges.
C’est une famille de marchands drapiers
que l’on retrouve dans les archives les plus anciennes. Un chirographe du 2
juin 1276 précise que « Kateline femme de Poels de le Mote et bourgeoise
de Bruges » détient une lettre de créance de la part de Jakemes li
Cauderlier bourgeois d’Ypres.
On retrouve également Walterus de Mota comme membre de la Hanse de Londres en
1297 et Gillis de le Mote comme marchand en Angleterre en 1299. Tout comme les
autres familles influentes de la fin du XIIIe siècle, comme les Bonin ou les
Loevin, cette activité commerciale internationale se double d’un investissement
dans les responsabilités communales. Wouter van de Walle sera échevin en
1262-63. Puis à la génération suivante ce sera le tour de Gillis (fils de
Margriete de le Mote) entre 1291 et 1302, Nicolas bourgmestre en 1297-1298, et
Gillis (fils de Berthelmeus) entre 1289 et 1314. Comme plusieurs autres
familles de leliaerts elle connaîtra
une éclipse d’une dizaine d’années après 1302. Il est intéressant de constater
que deux Gillis de la famille van de Walle occupent en parallèle les
responsabilités municipales les plus élevées, ils sont donc distingués par une
mention familiale mais, étonnamment, dans un cas il s’agit du père alors que
dans l’autre la référence est celle de sa mère. Sur cette base, M. Speecke fait
de Gillis (fils de Margriete van de Walle) l’oncle de Gillis (fils de
Berthelmeus) en tentant de réconcilier ces données historiques avec la
filiation van de Walle donnée par Gailliard.
Je serais moins affirmatif. La carrière municipale des deux Gillis s’effectuant
exactement dans les mêmes années je serais plutôt tenté de voir deux individus
appartenant à la même génération. D’ailleurs, Gillis (fils de Margriete) sera
encore échevin une fois en 1324, il semble dès lors difficile d’en faire
l’oncle de Gillis (fils de Berthelmeus) qui débute sa carrière municipale en
1289. Lors de la création de la cavalerie municipale en 1292, les ressources de
Gillis, fils de Berthelmeus, dépassent les 3000 livres flamandes, il fait donc
partie des citoyens les plus aisés de la ville.
C’est la descendance de ce dernier qui
perpétuera le pouvoir de cette famille. Entre 1302 et 1384 D. Van den Auweele a
recensé huit van de Walle qui ont exercé la fonction d’échevin (et 55 mandats
municipaux au total). Seuls les Bonin feront mieux avec dix individus. Si l’on
prend la période 1375-1407 ce sont six individus différents pour 30 sièges de
magistrats mais aussi un très grand nombre de responsabilités de moindre
importance (fonctions charitables, droits d’accise sur le commerce de certaines
matières premières etc.).
Avec les Bonin, les van de Walle sont la
seule famille dominante du XIIIe qui le sera encore tout au long du XIVe siècle,
mais le XVe marquera leur déclin et ils sont beaucoup moins présents dans les
listes d’échevins après 1410. La fin du XIVe et le début du XVe sont marqués à
Bruges par des luttes de faction entre patriciens et les van de Walle semblent
avoir souvent été du mauvais côté. Ainsi un Gillis van de Walle et sept autres
notables seront bannis de Bruges fin XIVe-début XVe siècle au profit de la
faction menée par les Honin, les Braderic et les Barbesaen. K.Vanhaverbeke, qui
rappelle l’histoire, estime probable que la faction vainqueur voulait s’assurer
que la faction rivale ne les concurrencerait pas pour les fonctions du pouvoir
municipal, Gillis van de Walle n’a effectivement pas été retrouvé dans ces
listes après 1391.
Comme
de nombreuses autres familles patriciennes, les van de Walle sont à la fois
marchands et propriétaires terriens autour de Bruges. Gailliard fait des
Vandewalle des seigneurs de Lembeke mais je n’ai pu retrouver d’acte original
confirmant cette information. Il donne également une filiation qui, soit contredit
les données issues des actes ou donne deux générations qui sont trop anciennes
pour apparaître (et être confirmées) dans les archives brugeoises. Ainsi, selon
Gailliard, Gilles (fils de Berthelmeus) aurait épousé Avezoete Bonin en 1296.
Outre que la date de mariage paraît un peu tardive pour quelqu’un qui était
échevin dès 1289, on a vu que Gilles avait plutôt épousé Cateline/Clementia
Loevin. Gailliard ne donne pas d’épouse à Berthelmeus mais en fait le fils de
Gilles et le petit-fils de Jean et de Catherine Bonin. Je n’ai pas trouvé de
données corroborant ces deux dernières générations. Je note cependant que les
armes de Gillis van de Walle fils de Berthelmeus incluent trois gerbes, qui
sont les armes de la famille Bonin et qui pourraient indiquer effectivement une
alliance des van de Walle avec cette famille mais sans que l’on puisse pour
autant préciser à quelle génération au-dessus de Gillis. Jusqu’à plus ample
information, je considère donc Berthelmeus comme « tige » de la
famille, d’autant qu’il a dû être un personnage doté d’un certain relief
puisque son souvenir se transmettra à travers les générations et que son
petit-fils Lambrecht, échevin de Bruges à plusieurs reprises, sera souvent présenté
comme « Lambrecht fils de Gillis, fils de Berthelmeus ».
VAN MEETKERKE
Au-delà
du nom de Margareta van Meetkerke accolé à celui de son mari sur leur stèle
funéraire, ainsi que ses armes sur le monument mortuaire de Jacob Bave +1436 je
n’ai pas trouvé d’autre information sur cette personne et son ascendance. Il est
extrêmement probable qu’elle soit liée à la famille du même nom qui tient la
seigneurie de Snellegem, donna
un conseiller du comte de Flandre Louis de Nevers, des baillis comtaux
et plusieurs échevins du Franc de Bruges. Je
suggère ce rattachement non pas uniquement pour des raisons de proximité
géographique et sociale avec la famille Bave, mais aussi parce que leurs
armoiries sont absolument similaires.
Conclusion
Au terme de cette étude, il est patent
que ces douze familles étudiées sont tout à la fois homogènes en tant que
groupe social et représentatives du patriciat qui a dominé Bruges du XIIIe au
XVIe siècle.
Homogènes tout d’abord dans leur
engagement politique car, à part la famille van Coudebrouc, nous avons
essentiellement affaire à des familles dites leliaerts. Philo-anglaises et opposées au comte dans les années
1280 pour des raisons pragmatiques de préservation de leurs marchés
d’importation et d’exportation textiles, pro-françaises et encore opposées au
comte dans les années 1300 avec toujours l’objectif en tête de préserver leurs
libertés personnelles, professionnelles et communales face au pouvoir le plus
proche, et donc le plus intrusif, puis enfin graduellement en faveur des ducs
de Bourgogne dans le processus de constitution d’un Etat centralisé et
structuré qui offrait des débouchés politiques et économiques aux ambitieuses
familles de la bourgeoisie, et qui protégeait leur statut face aux visées du
« commun ».
Dans
ce processus qui les fait passer de défenseurs acharnés de leurs
particularismes à acteurs de plein gré du processus centralisateur d’
«unification» des Etats bourguignons, ou du moins d’homogénéisation de leurs
élites, ces douze familles sont tout à fait semblables aux autres familles du
patriciat.
Elles sont par ailleurs également représentatives
dans leur composition: dynasties de marchands et de commerçants, courtiers,
hosteliers, ou artisans dans l’industrie du luxe, elles ont mené les mêmes
stratégies que les autres groupes familiaux de l’élite brugeoise pour assurer
et enraciner leur pouvoir politique, économique et social : fonctions
récurrentes au sein de l’échevinat, implication dans les guildes
professionnelles, les institutions charitables ou les sociétés élitistes,
activités diplomatiques, politique matrimoniale hypergamique et/ou endogame etc.
Ces familles ont façonné et subi tout à
la fois tous les épisodes de l’histoire brugeoise de 1250 à 1500. Leur histoire
individuelle et collective est aussi l’histoire de Bruges et en cela, pour
elles aussi, retracer leur histoire «n’a pas besoin de justification».
L’ASCENDANCE
DE JORIS BAVE
Les
individus sont classés selon la numérotation SOSA. Les dates précédées de
« v » sont purement indicatives et destinées à vérifier la cohérence
chronologique de l’ensemble.
1. Joris BAVE
°v1430 †1490
Chapelier,
échevin de Bruges, membre de la société de l’Ours Blanc
Première génération
2. Jacob BAVE
°v1395 † 23/12/1432 Bruges. Inhumé
en l'église St Jacques, chapelle des Pelletiers, auprès de son épouse
Membre
de la société de l’Ours Blanc
3. Catherina POLTUS
°v1400 † 25/11/1464 à Bruges
(selon son monument funéraire)
Deuxième génération
4. Jacob BAVE
°v1365 † 07/08/1436 à Bruges
(selon son monument funéraire)
Échevin,
trésorier et bourgmestre de Bruges
5. Lutgarde BONIN
°v
1370 Elle † après son époux et elle est enterrée avec ses
parents dans l’église Notre Dame de Bruges
S.
Espeel propose 1370 comme date de mariage avec Jacob Bave mais cela semble
chronologiquement très difficile, ne serait-ce que pour l’âge qu’elle aurait
alors à son décès
6. Arnold POLTUS
°v1360 † p1413
Courtier
et hostelier. Échevin et trésorier de Bruges
Troisième génération
8. Jacob BAVE
°v1330 † 23/10/1388 à Bruges. Inhumé
en l'église Notre Dame
Trésorier,
échevin et bourgeois de Bruges
9. Liegarde van de WALLE
°v1335 † 1398 (A cette date sa
fille Gertrude et son mari Jan van der Beurse héritent de la Patience)
10. Jan BONIN
°v1330 † 1383, probablement
assassiné. Certaines sources le donne enterré avec son épouse dans l’église
Notre Dame à Bruges, d’autres dans une fosse commune après son assassinat.
Échevin,
bourgmestre et bourgeois de Bruges
11. Gertrude van de WALLE
°v1330,
enterrée dans l’église Notre Dame à Bruges
12. Arnold POLTUS
°v1330
Son
existence et son prénom sont déduits des sources mentionnées à la notice Poltus
Quatrième génération
16. Jacob BAVE
°v1295 † 17/02/1357 Bruges;
inhumé auprès de son épouse en l'église du couvent de Sainte Claire à Bruges,
dans le chœur
Trésorier
de Bruges
17. Margareta van MEETKERKE
°v1295
† 1348
(son année de décès figure sur sa stèle funéraire)
18. Lambrecht van de WALLE
°v1295
(dans l’échevinat à partir de 1324) †
p1357
(encore dans l’échevinat à cette date)
Échevin,
trésorier, bourgmestre et bourgeois de Bruges
19. Margareta VANDENBERGHE
°v1300 † 30/10/1348 (sa date de
décès figure sur sa stèle funéraire)
Son
patronyme est déduit de la présence de l’écu de cette famille sur le monument
funéraire de son petit-fils Bave. Son prénom (sans son nom) figure sur son
inscription funéraire
20. Jan BONIN
°v1295
(dans l’échevinat à partir de 1324) †
p1353
(encore dans l’échevinat à cette date)
Échevin
et bourgeois de Bruges
21. N… HELDEBOLLE
°v1300
Son
prénom n’est pas connu. Elle est mentionnée dans la généalogie van de Walle
22. Gillis van de WALLE
°v1300 † entre 20/08/1358 et
15/10/1366
23. Maergrite van COUDEBROUC
°v1305 † p15/10/1366 (présente à
un acte des archives de St Jacob à Bruges)
24. Arnold POLTUS
°v1300
Il
fait déjà partie de la guilde des courtiers en 1339 et il est convoqué par les
milices municipales en 1338
Cinquième génération
36. Gillis van de WALLE
°v1260
(dans l’échevinat à partir de 1289) †
p1314
(dernier mandat d’échevin)
Échevin,
bourgmestre et gardien des sceaux
37. Katherina/Clemencia LOEVIN
°v1270
Elle
était absente de la généalogie van de Walle de J.J. Gailliard mais la réalité
de son mariage avec Gillis découle de divers actes tirés des comptes de Bruges.
40. Wouter BONIN
°v1265
(dans l’échevinat à partir de 1297) †
p1313
(dernier mandat d’échevin)
Échevin,
bourgmestre et bourgeois de Bruges
42. Jan ?? HELDEBOLLE
°v1270
J.J.
Gailliard, dans sa généalogie van de Walle, l’appelle Jean. Je pense pour ma
part que chronologiquement il s’agit plutôt de Pieter
44. Même que 36
45. Même que 37
46. Gilles van COUDEBROUC
°v1275 † v1360 ? (testament
à cette date selon S. Espeel)
Marchand
de vin, échevin, bourgmestre, bourgeois de Bruges, délégué de van Artevelde à Bruges,
puis banni de la ville en 1351
Sixième génération
72. Betremieux van de WALLE
°v1230
Uniquement
mentionné comme père ou grand-père de ses descendants
74. Lambrecht l’ancien LOEVIN
°v1230 † av1282 (sa fille
Clementia est déclarée orpheline à cette date)
75. N.. UTEN SACKE ou N.. STIERS
°v1235
On
ne sait pas laquelle des deux est la mère de Katerina/Clementia
88. Même que 72
90. Même que 74
92. Betremieux van COUDEBROUC ??
°v1245
Uniquement connu par
une mention du fonds Thibaut de Boesinghe
BIBLIOGRAPHIE
Je
suis bien entendu au fait de l’existence des six tomes de Bruges et le Franc de J. J. Gailliard. J’ai néanmoins choisi de ne
pas y faire référence ni de retenir certaines filiations suggérées en raison du
manque de fiabilité de l’œuvre.
Sources primaires
-
L. Gilliodts-van Severen. Inventaire des
chartes. Tome I (13e au 16e siècle) dans Inventaire des archives de la ville de Bruges. Bruges. 1871
-
J. de Saint Genois. Inventaire analytique
des chartes des comtes de Flandre avant l'avènement des princes de la maison de
Bourgogne. Gand.
1843-1846
Littérature
Ouvrages
- F. Buylaert. Repertorium
van de Vlaamse adel (ca1350-ca1500). Academia press. 2011
-
G. Des Marez. La lettre de foire à Ypres
au XIIIe siècle. Bruxelles.
1901
-
H. Nowé. Les baillis comtaux de Flandre
des origines à la fin du XIVe siècle. Bruxelles. Hayez. 1928
- M. Lesnikov et W. Stark. Die Handelsbücher des Hildebrand Veckinchusen. Köln.
2013
- J.M. Murray. Bruges,
Cradle of Capitalism, 1280–1390. Cambridge University Press. 2005
- E. J. Sellers. Van
Hecke allied ancestry. Philadelphia. 1933
- E. Warlop. The
flemish nobility before 1300. Courtrai. 1974-1976
Articles
- A. Bardoel. The
urban uprising at Bruges 1280-1281. Some new findings about the rebels and the
partisans. Revue belge de philologie et d'histoire.
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F. Hooghe. Dwalende tempeliers en
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J. Noterdaeme. Het oosthof te Snellegem. Actes de
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C. Wyffels. Een XIIIde eeuwse gerechtszaak (1290-1296) de erfenis
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gegevens betreffende een XIIIde eeuwse «democratische» stedelijke opstand: de
Brugse «Moerlemaye » (1280-81). Bulletin de la
commission royale d’histoire. 1966
Répertoires
épigraphiques
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J. B. de Béthune. Epitaphes et monuments
des églises de la Flandre au XVIe. 3
parties: Oost Flandre, West Flandre et Franc de Bruges. Bruges. de Plancke.
1897-1900
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J. J. Gailliard. Inscriptions funéraires
et monumentales de la Flandre occidentale. Arrondissement de Bruges.3
parties. Bruges. 1866-1867
Travaux
universitaires
-
L. Bervoets. Een wereld in verandering:
de sociale structuur van de stedelijke maatschappij te Brugge in de 12de en
13de eeuw. Een prosopografische studie van de Bruggelingen tot
1280. Universiteit Gent.
2015
- S. Espeel. De
Brugse stadsmagistraat in de late 14de eeuw. Een prosopografische studie
voor de periode 1359-1375.
Universiteit Gent. 2016
- K. Hilderson. Schepenbank
en patriciaat te Brugge voor 1302. KUL. 1955
- S. Kesteloot.
De positie van de Adornes in Brugge: aan de hand van hun huwelijken en enkele
kennissen (eind 13de eeuw-ca1512). KUL. 2015
- M. Lenoir. De
politieke verhoudingen in Brugge tossen 1328 en 1361. Universiteit Gent.
2013
- A. Mattheus. Prosopografie
van het Brugse stadsbestuur 1467-1477. Universiteit Gent. 2011
- M. Speecke. De
politieke orde van Brugge 1302-1329. Een prosopografische studie van de
stadsmagistraat. Universiteit Gent. 2016
- D. Van den Auweele. Schepenbank en schepenen te Brugge 1127-1384. KUL. 1977. 2 tomes
- K. Vanhaverbeke. Het stadsbestuur in Brugge in de periode
1375-1407: social-institutionele benadering aan de hand van een
prosopografische methode. KUL. 1996-97
- B. Verbist. Traditie
of innovatie? Wouter Ameyde, een makelaar in het laatmiddeleeuwse Brugge
1498-1507. Universiteit Antwerpen. 2014
- S. Vercruyce. Sociale
differentiatie in de begrafeniscultuur van laatmiddeleeuwse elites in het
Brugse Vrije (1350-1500). Universiteit Gent. 2010
Ressources
en ligne
Manuscrit
De Hooghe
https://erfgoedbrugge.be/
Site d’Andries Van den
Abeele
http://www.andriesvandenabeele.net/
Base prosopographique de L. Bervoets http://www.genootschapvoorgeschiedenis.be/nl/Documentatie
Cet article a connu une
longue maturation et a, au cours de toutes ces années, bénéficié de l’aide et
des conseils de plusieurs chercheurs. Parmi celles-ci et ceux-ci je tiens tout
particulièrement à remercier les Professeurs J. Dumolyn et P. Stabel pour leurs
orientations bibliographiques, L. Bervoets et M. Speecke pour m’avoir donné un
accès immédiat et sans restrictions à leurs très riches bases
prosopographiques, ainsi que la bibliothèque de la KUL pour m’avoir fourni la
copie numérique de nombreux travaux de thèse.
Les compléments et
corrections peuvent être envoyés à l’adresse antoinebarbry@gmail.com
A. Van den
Abeele,
op. cit.
Plus d’informations sur ce personnage dans R. de
Roover, Money, banking and credit in
mediaeval Bruges: Italian merchant-bankers,
Lombards and money-changers: a study in the origins of banking, Mediaeval Academy of America, Cambridge, 1948, p. 188-190
Voir F. Hooghe, Dwalende
tempeliers en klagende hospitaalridders: het lot van de tempeliers in het graafschap
Vlaanderen (1284‐1332), Westhoek, 2015, p.17
Thèse
de M. Lenoir, De politieke verhoudingen
in Brugge tossen 1328 en 1361, Universiteit Gent, 2013