FRANCAIS

L'histoire en tant que science et champ d'études est en pleine mutation.
Grâce aux apports constants de l'archéologie, de la génétique, ainsi qu'à la confrontation avec d'autres sciences humaines (anthropologie, sciences sociales) ou "sciences dures" (démographie, biologie, statistiques) ce que l'on pensait acquis sur l'histoire et la généalogie des peuples est constamment enrichi et remis en question.
Ce blog a pour objet d'informer sur certaines découvertes qui modifient (ou pourraient modifier) nos connaissances sur nos ancêtres, des premiers homo sapiens jusqu'à nos grands-pères...


ENGLISH

History as a science and a field of study is undergoing significant changes.
Thanks to the contribution of archaeology, genetics, as well as exchanges with other human sciences (anthropology, social sciences) or "hard sciences" (demography, biology, statistics), historical and genealogical facts that were once considered to be established or "written in stone" are now being questioned, revised and enriched.
The aim of this blog is to inform and discuss current discoveries that modify (or could modify) what we know about our ancestors, from the first homo sapiens to our grandfathers...



lundi 17 octobre 2022

LE MENSONGE ORIGINEL DES GRIMALDI DE SICILE

 

Il y a plusieurs familles nobles Grimaldi en Sicile. Toutes sont très fières d’être « cousines » du prince souverain de Monaco, Albert II.

Toutes gardent en mémoire leur origine gênoise prestigieuse. La famille Grimaldi, l’une des quatre maisons qui a dominé la République gênoise au Moyen Âge,  a en effet donné six doges et a étendu son pouvoir dans toute la Mediterranée grâce à l’activité commerciale de ses représentants.

Tous les auteurs s’accordent à dire que les Grimaldi arrivèrent en Sicile en deux moments différents. Le premier en 1396 au travers d’un Enrico, fils de Carlo, seigneur de Menton. Cet Enrico eut trois fils qui chacun créa sa branche, mais toutes trois étaient éteintes en ligne masculine dès 1802.

L’autre Grimaldi à venir faire souche en Sicile fut en 1554 un certain Agostino Grimaldi, fils de Francesco dont on précisait qu’il était issu « de la branche des Grimaldi detti Cavalleroni di Genova ».

Cet Agostino, homme ambitieux qui s’établit à Modica, eut de son épouse Leandra Crispo six enfants pour lesquels il commença à rassembler une impressionnante collection de titres et fiefs. Sa volonté d’enraciner sa famille dans les réseaux de la noblesse sicilienne se fondait aussi sur une stratégie matrimoniale bien pensée pour ses enfants. Il maria son aîné Giuseppe  à une riche héritière, Antonia Laurefice, fille unique qui ramena dans la corbeille de mariage un certain nombre de baronnies.

La famille prospéra et s’étendit à Mineo ou Catania. C’est dans cette dernière ville que les Grimaldi, barons de Serravalle, résident encore aujourd’hui. 

Cette origine gênoise des Grimaldi siciliens, en dépit de quelques incohérences chronologiques faisait donc consensus, à tel point que le prince Albert II de Monaco visita Modica et Ragusa en octobre 2017 en précisant dans un italien parfait qu’ils avaient « des origines communes » ! Il n’y avait qu’un problème mais un problème de taille, Agostino le fondateur de cette « dynastie » Grimaldi de Sicile n’était pas un Grimaldi…

C’est un historien local, Francesco Pellegrino, qui découvrit la supercherie dans les archives espagnoles au travers du témoignage de son fils Giuseppe, qui postulait comme cavaliere dell'ordine di Nostra Signora di Montesa et détaillait ses ascendants. F. Pellegrino publia le resultat de ses recherches dans son ouvrage "Giuseppe Grimaldi. cavaliere dell'ordine di Nostra Signora di Montesa" publié en 2018.

Agostino Grimaldi était en fait Agostino Caser, fils d’un intermédiaire financier gênois établi à Medina del Campo en Espagne, Francesco Caser, et de son épouse locale Francesca Peña. Il semblerait qu’Agostino se faisait déjà passer pour un Grimaldi à Medina afin d’impressionner ses compatriotes établis dans la même ville. Il réussit à se faire remarquer par l’Amiral de Castille qui l’envoya s’occuper de ses « affaires siciliennes ». Il commença par s’établir à Siracusa où se trouvait déjà son frère Gregorio, officier de l’Inquisition. De fil en aiguille, il fut nommé juge du tribunal de l’Inquisition de Palermo, en résidence à Modica. Cette fonction lui fut très utile pour sauver des plus grands châtiments son fils Giuseppe, convaincu d’avoir assassiné le fils d’Eleonora Mirabella.   C’est à Modica qu’en bon chasseur de dot, il demanda la main de Leonor Crispo, fille de la châtelaine de Ragusa. Nommé Contador general de la comté de Modica, il introduisit une innovation comptable, base de la comptabilité moderne.

Il mourut en 1593 satisfait d’avoir atteint son but et d’avoir enraciné sa famille dans les réseaux de noblesse locale. Il fallut plus de 400 ans pour que l’entreprise de dissimulation de son identité réelle fut démasquée par un tenace historien sicilien qui s’attacha aux bases de la recherche historique : confronter les sources et préférer les archives officielles aux archives familiales….

 

 

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